MUSIMECA
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Harmoniflûte Thibouville-Lamy n° 17076
Je vais décrire ici un instrument peu connu et qui a pourtant eu un grand succès dans les années 1860 - 1870 et on le retrouve dans de nombreux catalogues d'instruments jusqu'en 1927 !
Pour cette
présentation nous aurons 4 chapitres : 1 - Identification 2 - Remise en état de l'harmoniflûte Thibouville 3 - L'harmoniflûte Mayer Marix 4 - L'entreprise
Thibouville-Lamy & Cie
J'ai acquis un harmoniflûte Thibouville et son piètement lors de la vente
d'instruments
de musique issus d'une succession. En prime j'ai pu récupérer une ruine d'un autre harmoniflûte de Mayer-Marix.
Remise en état de l'harmoniflûte Thibouville
Avant de commencer ces travaux, voici quelques observations sur l'état de l'instrument : Un numéro de série (?) marqué au crayon sur la face avant et sur le couvercle de la boîte à soupapes est le n° 17076 Ses caractéristiques sont : Un clavier de trois octaves de fa à fa. Deux jeux d'anches, dont l'un en voix céleste peut-être immobilisé au moyen d'un registre plaquant des feutres sur les anches de ce 2ème jeu. Un boitier repliable. Un soufflet à 5 plis ressemblant à un soufflet d'accordéon Cet instrument est le modéle n° 970 du catalogue Thibouville de 1877. Il est accompagné du piètement avec sa pédale (n°974) pour actionner le soufflet Tous les éléments semblent présents. Le clavier n'est pas bloqué (quelques touches coincent !). Il y a deux touches blanches à recoller (mais récupérées). Le soufflet semble correct. Une moitié des anches (les naturelles) est vraiment très oxydée (couche importante de vert-de-gris !). L'étanchéité de la face avant est déficiente. Le système de fermeture par barre transversale coulissante ne tient plus. On a l'impression que la façade en bois s'est rétractée et n'est plus suffisamment large pour être retenue par la barre coulissante. En maintenant le tout serré on arrive à le faire fonctionner. Mais le façade a tendance à descendre et basculer. Les notes d'altérations semblent sonner normalement tandis que la plupart des naturelles sonnent très mal voire pas du tout. Ceci est évidemment dû à l'oxydation très avancée de ces anches. Comme dans tous les harmoniflûtes, les anches sont réparties en deux rangées ; - en,dessous les anches des touches naturelles (très oxydées ; vert-de-gris !) - en dessus les anches des feintes (sales mais fonctionnelles !) Cette restauration débute en avril 2023. Révision de la boîte à soupape (sommier) :
Deux
ou trois touches noires se bloquent lorsqu'on les enfonce à fond. Le mécanisme
à double levier de ces feintes explique leur résistance. J'ai
pu facilement les libérer en pulvérisant du lubrifiant sec au téflon (en bombe,
c'est efficace et n'abîme pas le bois) et en actionnant les touches jusqu'à ce
qu'elles fonctionnent normalement. Remise en état
des anches : Après un rapide test des anches il est confirmé que
les anches naturelles sont très abîmées par le vert de gris ! A croire qu'elles
ont été inondées.
Devant l'échec d'un essai de nettoyage, je vais essayer d'échanger avec les anches du Mayer-Marix en ruine, Dans un premier temps je ne touche pas aux anches
des feintes qui semblent en meilleur état.
Remontage des anches du Mayer-Marix sur le Thibouville :
Une par une je transfert les anches d'un sommier sur
l'autre. L'écartement entre trou et encoche des 6 premières anches est plus
long. Je dois donc repercer pour mettre la vis d'encoche. Ensuite les trous
conviennent. La dernière anche double dans les aigus (fa) a été remplacée par 2 petites
anches simples (réparation ancienne du Mayer-Marix ?). Essai
et contrôle des anches entre-elles. Elles semblent toutes accordées au
même diapason et les deux séries d'anches sont de timbre semblables. Fermeture de
la face avant et étanchéité : Comme l'ont fait d'autres restaurateurs il est nécessaire d'installer 4 petites vis en laiton pour maintenir la façade et empêcher son basculement.
Restauration
du piètement et installation : Nettoyage de l'ensemble des pièces. Vérification du mouvement (lubrification). Mise en place d'un nouveau cordon de pédale
Ajustement de l'instrument sur l'embase du piètement
Et mise en exposition dans ma collection d'instruments ...
Voici quelques photos montrant l'état de ruine de cet instrument ! Ces
quelques photos montrent que l'état de cet instrument est trop dégradé
pour envisager une restauration! Mais, certaines pièces pourront être reprises pour la restauration du Thibouville.
Notamment, les anches sont en très bon état et me seront d'un grand secours !
L'entreprise Thibouville-Lamy & Cie
L'entreprise : Jérôme Thibouville-Lamy & Cie, en abrégé "J.T.L.", était une société française de fabrication d'instruments de musique, créée au milieu du XIXe siècle à la suite de la fusion de fabricants préexistants. Basée à Mirecourt, en France, elle produisait un grand nombre de vents, de cuivres et d’instruments à cordes jusqu’au milieu du XXe siècle. La société fabriqua également un grand nombre d'orgues mécaniques et d'organettes Le nom a été adopté vers 1867 après que Louis Émile Jérôme Thibouville, associé du facteur d'instruments Husson-Buthod-Thibouville, ait épousé Marguerite Hyacinthe Lamy, une cousine de ses partenaires commerciaux, et qu'il soit devenu propriétaire de la firme, il l'a renommée sous leur nom combiné : Jérôme Thibouville-Lamy. Thibouville était le descendant d'une ligne de luthiers et d'instruments à vent en laiton datant du XVIe siècle. Cependant, il était avant tout un entrepreneur qui souhaitait développer une entreprise d’instruments à cordes et n’était pas lui-même un luthier ou un archetier. La société grandit rapidement et atteignit à son apogée des taux de production annuels de plus de 150 000 instruments produits par plus de 1 000 luthiers. Mais cette grande entreprise avait également une activité commerciale pour la vente d'autres instruments qui n'étaient pas produits par ses ateliers. Notamment on trouve dans les catalogues toute une série d'instruments à clavier et à anches : harmoniums, harmoniflutes, et accordéons. Voici un document présentant le magasin de Thibouville en 1912 : et l'immeuble du magasin parisien de nos jours : L'Harmoniflûte dans les catalogues : Dans
les catalogues de Thibouville-Lamy de 1877 et 1901 on trouve cet
instrument. Cet harmoniflûte vendu par
Thibouville est donc soit un modèle Mayer Marix, soit un modèle Busson soit une autre fabrication ?
Cet instrument est encore vendu par Kasriel en 1927. Ici il est clairement indiqué qu'il s'agit du modèle de Busson :
L'aspect des différentes pièces (extérieures et intérieures) des deux modèles sont quasiment identiques. Je n'ai pas encore trouvé l'élément déterminant me permettant d'identifier le fabricant de l'harmoniflûte vendu par Thibouville. Il me semble, par certains détails, se rapprocher davantage du modèle de Mayer-Marix ???
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