MUSIMECA
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Deux accordéons anciens Deux accordéons dans cette page : - un accordéon allemand vers 1880 - un des premiers accordéons français, le Flutina, vers 1840
Il s'agit d'un vieil acccordéon trouvé il y a au moins 30 ans dans un débarras de notre maison de campagne. Après des essais infructueux de réparation à une époque ou j'avais ni connaissances ni outils adaptés, il est resté emballé dans un placard jusqu'à cette année où je décidais de le remettre en état d'exposition. Cet instrument est très ancien, assez original et il est donc intéressant à exposer et à analyser. Par contre son état général et notamment le clavier interdit tout espoir de le rendre jouable ! Je ne connais pas beaucoup cette famille d'instrument, mais ce n'est pas trop éloigné de l'harmonium !
1 - Identification 2 - Description
Voici l'instrument tel que je l'ai récupéré en pièces détachées au début de l'année 2024.
Provenance et datation de cet accordéon : Il n'y a aucune
marque sur cet instrument sauf une inscription "J P" au
crayon sur un montant à l'intérieur du soufflet, ce qui ne nous apporte
pas grand-chose !
C'est un accordéon diatonique avec un clavier de 10 touches (donc 20 notes) et trois registres pour la main droite, et deux clés d'accords pour la main gauche. Les
touches entraînent des soupapes apparentes et décorées. Les trois
boutons de registres sont situé au dessus du montant à droite. Il est pourvu d'un soufflet en deux parties avec trois montants.
Il possède trois séries d’anches doubles « poussez-tirez » donc trois jeux actionnés par les registres. Les boutons de registres sont en en métal embouti avec motif floral de 2 couleurs (laiton/argent). Les trois voix sont: 1 - normale (flûte) 8' 2 - "celeste" (vibrato) 8' 3 - à l'octave supérieure (piccolo) 4' Les 20 notes du clavier ont été analysées au moyen d'un accordeur électronique. Les notes sont parfois très désaccordées mais on peut néanmoins retrouver la gamme d'origine de cet instrument
Il semble que l'accord soit à l'origine en Sib. Il manque néanmoins le premier et le dernier Sol. Mais nous avons une gamme complète de Sib majeur des touches 3 à 6. Cette disposition est assez curieuse (dans le bas et le haut de la tessiture on n'avait donc pas de sixte ?) . Il est à remarquer que le sens poussé-tiré s'inverse au milieu du clavier entre les touches 5 et 6 !
Pour
l'accompagnement main gauche nous avons bien les accords tonique / dominante : En
haut 2 accords
: poussé
: Si b maj
tiré
: Fa maj En bas
2 basses
:
poussé : Si b 1 (quasiment muet)
tiré : Fa 1
État de l'instrument lors de sa
découverte il y a 40 ans Très poussièreux. Il manquait deux soupapes et deux étaient décrochées de leur touche. Le soufflet semblait
encore étanche. Les touches étaient coincées dans leur logement et il n'y avait presque plus de ressorts. Toutes les anches
étaient présentes. Mon premier essai de restauration a été assez catastrophique : les vis sont longues, fines, et rouillées. Quelques unes cassent net en laissant leur extrémité dans le bois du soufflet. Les touches sont axées par une mince tige de fer noyée dans le bois du support de clavier. Cette tige est inaccessible ! Manifestement cela n'a pas été prévus de pouvoir le démonter ... J'ai retiré les touches par arrachage de l'axe (un vrai massacre, mais même aujourd'hui je ne sais pas ce que j'aurais pu faire ?). La réparation du clavier semblait impossible ou très difficile ! J'avais néanmoins recollé les soupapes décrochées et réalisé les deux soupapes manquantes. Puis j'avais tout laissé tomber, et emballé l'instrument en pièces détachées jusqu'à ce jour !!! Remise en état de 2024 :
Nettoyage général des bois et parties métalliques. Déblocage des registres Remontage
du
clavier, ajustement du jeu des touches (avec des épaisseurs collées sur
le coté des touches) et alignement des soupapes (par déformation des
liens en laiton).
Ajustement de l'axe fileté dans sa gorge. J'ai hésité à réaliser un cache entre chaque touche pour cacher le "bricolage avec l'axe fileté". Mais j'y ai renoncé pour ne pas tricher ! Fabrication et installation des ressorts de soupapes (corde à piano de 0.8) Coté main gauche : Nettoyage des deux clés d'accords et de la clé de décharge
Nettoyage général et ajustement de la boite sur le cadre main gauche (réparation des trous et nouvelles vis).
Le
soufflet :
Le soufflet semble en bon état vu son age.Il avait pris une position très serrée et n'avait plus aucune souplesse. Essai d'étirage pour le détendre ! Au bout de queques jours c'est bon ! Il peut rester ouvert.
Ensuite
nettoyage et recollage. Les montants ont étés cirés en noir.
Remontage :
La fixation sur le soufflet est réalisé au moyen de nouvelles vis de mêmes dimensions. Certaines des vis d'origine étant restées cassées dans le cadre du soufflet, il a fallu repercer quelques trous.
Une fois tout remonté j'ai pu enfin entendre pour la première fois depuis 30 ans le son de cet instrument !
Tout
fonctionne mais certaines soupapes ferment mal et il y a pas mal de
fuite! Les
basses sont très paresseuses voir muettes.
Cela permet néanmoins de connaître la tonalité et la disposition des
notes de cet accordéon ! (voir description ci-dessus)
J'ajoute une courrroie en cuir pour la main gauche et un doigtier pour le pouce de la main droite
Et je n'irai pas plus loin pour cette remise en état pour exposition dans ma collection . . .
Acquisition : C’est en fin de vide-grenier à Louveciennes le dimanche 2 juin 2024, que je trouvais cet instrument démonté en 3 morceaux : la pièce pour la main gauche avec une soupape et le soufflet (joli mais un peu déchiré) décollé du bloc clavier, le bloc clavier main droite en bon état, et le sommier avec toutes ses anches mais qui manifestement ne rentrait pas par l’arrière du bloc clavier !
La dame qui me le proposait le trouvait très joli et n’acceptait de me le vendre que si je lui promettais de le restaurer et de ne pas le revendre! Elle me l’a vendu pour 5,00 €.
Examen et identification : Je ne savais rien sur ce petit instrument à anches sinon
qu’il devait être parmi les premiers précurseurs de l’accordéon. Après quelques recherches sur le web, il apparaissait
clairement qu’il s’agissait du premier instrument de ce type fabriqué par
quelques fabricants parisiens à partir de 1831, les plus fréquemment cités
étant Constant Busson (à partir de 1844) et Mayer Marix (à partir de 1836). Ce sont par ailleurs les
deux inventeurs-promoteurs de l’harmoniflûte ! Le nom donné à cet instrument fut le « flutina »,
le terme accordéon ou accordion étant encore sous brevet. Une photo d’un flutina vendu sur le Bon Coin (280 € !),
est très semblable au mien, bien qu’en moins bon état, et est signé par une
étiquette sur le soufflet : Marix, 47 passage des Panoramas à Paris :
On peut donc penser qu’il s’agit de ce fabricant. Par rapport aux dizaines de photos trouvées dans des
collections ou des ventes en ligne, la simplicité de cet instrument est remarquable : -
Il
ne comporte que 8 boutons donc 16 notes au clavier - Les deux soupapes « d’harmonie » n’ont pas de mécanisme pour les soulever au moyen d’une clé pour le pouce de la main droite située au milieu de la barre du clavier, mais seulement deux tirettes en laiton à manœuvrer séparément. Ces tirettes devaient probablement être fixées assez serrées par deux vis pour se maintenir soit ouvertes en haut soit fermées en bas. Nous avons la même disposition sur le Marix. Les vis sont ici peu serrées et il en manque une.
-
Il
n’y a pas d'entourage en bois protégeant la soupape d’échappement et servant de
poignée à la main gauche. Il n’y en a pas sur la photo du Marix, sauf qu’on
voit clairement les traces de colle de cette poignée simplement disparue !
Sur le mien, il n’y a aucune trace d’une poignée, et la planche est
soigneusement décorée d’un filet autour de la soupape d’échappement. Je pense
donc que cet instrument contrairement aux autres, n’a jamais eu de poignée pour
la main gauche. Cet instrument étant très basique il devrait dater des tous débuts de la
fabrication des flutinas en France (1836 – 1840). Pour le remettre en place, il suffisait d’ouvrir le bloc clavier. Je
découvrais que c’était très simple, il suffit de faire glisser la planche
supérieure qui est retenue par une glissière ! Remise en état : Elle a consistée essentiellement à : - nettoyer l'ensemble de l'instrument, raviver les parties en laiton - remplacer les peaux des soupapes par un assemblage feutre + peau mégis (colle d'os) - remettre les micro vis manquantes sur les soupapes "d'harmonie" - réparer les quelques fentes du soufflet (bristol collé à l'intérieur des plis) et recoller le soufflet sur le montant du clavier - vérifier les anches :les anches basses de chaque accord sont abîmées et non réparables -
analyse de la gamme : La gamme est conforme aux schémas de l'époque
mais transposée une tierce au-dessus (donc en mi majeur) avec un
diapason d'environ 435 Hz à 20°C
Touche Tiré Poussé 1
Sol Si 2
Do Ré 3
Mi Fa 4
Sol La 5
Do Si 6
Mi Ré 7
Sol Fa 8
Do La Les accords de
"l'harmonie" ne sont pas clairs les anches basses étant abîmées. On
reconnaît tout de même un accord de tonique en tirant, et de dominante en
poussant. Quelques photos de l'instrument remis en état :
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